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Déjeuner Rouge acte III
25 février 2010

CHALLEAU Carole

Née le 17-05-1971, à Tournai en Belgique.

Vit et travaille en Avignon.

Petites suites...

     Depuis mes premières recherches sur la charge sacrée issue de la fragmentation du corps et des reliquaires et mes prédilections pour les glissements de sens provoqués par des analogies souvent sexuées; ces sujets ou associations insolites, demeurent aujourd'hui. Ces thématiques sont déclinées ou revisitées sous un autre angle, même si le corps pendant une dizaine d' années s' est vu perdre ses limites formelles et charnelles pour une plongée microscopique à l' intèrieur de lui même.

     Le corps érotisé a laissé place aux vues scientifiques issues d' ouvrages d' histologie fonctionnelle, à la découverte de nos paysages intérieurs, de l' infiniment petit qui nous rappelle tant l' infiniment grand, d' où ma fascination pour les formes pour les formes récurrentes ovoïdes que l' on retrouve dans toutes structures internes des éléments. Lieuoù tout se tient dans le presque rien, forme première et épuréeperceptibledans son entier de façon immediate et physique en résonnance avec l' intérieur du corps sans même passer par une quelconque analyse.

CIMG3839

   

      Aujourd'hui, la beauté et les mystères de la nature m' émerveillent et suscitent mon inspiration. Les fluides et réseaux internes, veines et méridiens, se déclinent sur la croûteterrestre par les réseaux naturels tels les fleuves et rivières ou encore ceux que nous avons créés en résonance : les routes, les chemins, les plans de villes, comme si nous redessinions à grande échelle nos paysages intèrieurs.

     C' est ainsi que je porte un vif interêt pour les cartographies et las plans. Je me délecte à les évider, gardant simplement le squelette et les ramifications, sorte de dentelle fragile et sublime comme une toile d' araignée. Quelques fois, reste un paté de maisons ou un fragment terrestre figurant un organe.

     Les liens, la finesse et la fragilité se retrouvent dans la quasi-totalité de mon oeuvre et le choix des matériaux y concourent : les brins d' herbe, les squellettes de feuilles, les racines, les poudres, la cire, les fils, les papiers et le verre.

     Les croisées, les noeuds et entrelacs se retrouvent l' acte de broder qui nécessite un geste répétitif, lent, archaïque faisant écho au temps qui passe, à la filliation, sujets qui me sont chers et que j'avais expérimenté avec le medium photographique lors de mes études.La filliation s' est concrétisée sur un autre plan, puisque j' ai créé trois oeuvres en collaboration avec ma mère, en broderie et couture.

     Depuis quelques années, je constate la réapparition du corps dans son entier, avec ses formes plus classiques; je pense notamment à la création de mon dessin en fibre optique tissé sur soie brute, représentant la réunion du féminin et du masculin dans une fusion florale, ou encore à un dessin vibratoire : autoportrait en strate à la mine de plomb sur papier perforé de piano musical.

      La silhouette prend la place des cellules ou quelques fois fusionne avec elles. Au bout de vingt ans, j' observe la réunion de l' intérieur avec l' extèrieur, du vide et du plein, du féminin et du masculin pour une vison plus globale et harmonieuse. Aujourd' hui les oeuvres paraissent plus légères, célestes et lumineuses sans occulter le côté terrestre , dense et organique. A suivre...

    Carole Challeau, mai 2009

Interview :

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

" Je n'ai pas choisi mon métier, il s'est imposé à moi comme une nécessité, comme quelque chose de vital.

Au delà d'un métier, c' est pour moi,  un état et une façon d'être. C'est une nature qui donne un sens à ma vie et inscrit au fil des expériences et rencontres mon cheminement. C'est un regard particulier sur le monde et un rapport aux autres empreint de singularité et de liberté.

Ma créativité s'inscrit dans l'échange et la contemplation, mais aussi dans la trasmission, en accompagnant l'acte créatif. C'est une quête permanente de la beauté et de la qualité. "

Quelle satisfaction personnelle en retirez-vous ?

" C'est en permanence l'étincelle de mon âme. L'Art me permet de résister aux turbulences de la vie. C'est une façon de lutter contre les disfonctionnements de la société, et un moyen d'exister autrement et librement. Comme si je m'étais créé une bulle de liberté au milieu de l'oppression.

Je veux à tout prix éviter le conformisme ambiant et apathique, et suis très attachée à la notion de partage, à la transmission par la création, le regard, le rire et la contemplation.

Par ailleurs, la création me met en permanence dans un état de recherches, décuple ma curiosité et ma joie de vivre, c'est très stimulant et jubilatoire. Tout cela m'anime: ma quête de beauté, de Vérité et de sacré, mais aussi les délices de la singularité transmise par la distorsion de la réalité, le déplacement des choses et le glissement de sens. Sans oublier l'humour, la sensualité qui me ramènent à mes origines rablaisiennes. "

Dans quelle catégorie d'art vous situez vous?

"  Je ne vois aucun interêt au fait d'être étiquetée . Je suis trop éprise de liberté pour ça.

Je ne me définis pas par rapport à un courant, un groupe ou une personne, mais je me définis par moi même, par mes propres recherches et expériences. Le reste, ce n'est pas mon propos, je laisse cela aux esthéticiens et historiens de l'art. Ils sont plus à même de parler d'art que moi ou de me rattacher à un courant artistique...chacun sa spécifité. Je le fais l'art pendant que d'autres en parlent;c'est deux mondes différents.

C'est ce que je fais qui me positionne et non l'inverse: je ne me positionne pas pour faire. 

Pourquoi avoir choisi le thème de "Dejeuner rouge" ?

"  Ce thème est né de l'initiative d'une association "OZONS" dont l'objet était de promouvoir l'art contemporain.

Des rencontres entre public et artiste étaient organisées autour d'un  déjeuner/exposition, simplement, en toute humilité et convivialité. Lorsque l'on m'a proposé d'y participer, j'ai envisagé  d'en faire une performance artistique, où l'oeuvre serait créée in situ, naissant de la rencontre avec le public.

Aujourd'hui, mes déjeuners rouges se déploient en plusieurs actes, au gré de mon inspiration, en nombre illimité et mêlant toujours un public non averti avec un public de connaisseurs d'art contemporain. Ils s'inscrivent dans des petites suites, reprenant quelques idées insolites du déjeuner précédent, en les poussant un peu plus loin, parfois jusqu'à la dérive liée aux aléats de l'instant présent et de la réaction du public. Des oeuvres sont toujours créées in situ et le sens profond de l'action tourne toujours autour du patage et de la surprise, le décalage qui suscitera le Rire ou l'indignation pour d'autres.

C'est une performance qui s'inscrit dans la durée, se déclinant et engendrant la suivante et dans laquelle se marient les notions ambivalentes de sacré et de profane. Il s'agit de rester toujours à la lisière...

Pour ce déjeuner rouge, acte II: VINI SPIRITUS, je me suis appuyée sur la notion de partage, sur l'atmosphère burlesque qui règne autour du vin. Mon imprégnation des textes de Rabelais , cet hymne à la vie est une façon de montrer l'importance de l'échange, du métissage qui concourent à la richesse humaine, à la joie de vivre et à la beauté.

De plus, je ne me fixe aucune barrière en tant qu'artiste, j'éprouve une certaine satisfaction à être à la limite du raisonnable.

Mes performances contrairement à mes oeuvres graphiques, sont empreintes d'humour avant tout, la notion d'amusement et de partage est à mes yeux primordiale.

Que pensez-vous de ce travail avec des étudiants ?

" C'est une certaine pression que d'être impliquée avec des étudiants qui ne sont pas forcémment volontaires et un public. Je prends un certain nombre de risques dans le sens où je ne peux pas compter que sur moi-même, mais la notion de partage est fondamentale quand on travaille en workshop. Dans ce type d'action je ne maîtrise que le canevas et cela peut partir en live...

Le manque de temps pour un travail de fond, pour apprendre à se connaître a été assez frustrant.

De plus, c'était ma première performance avec un public non volontaire au départ, et cela implique une certaine obligation de "driver" les élèves, d'insuffler en permanence la création et la curiosité, ainsi qu'une part d'aléatoire non négligeable. "

Interview réalisée par deux étudiantes du lycée : M.B. et J.F.

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Commentaires
Déjeuner Rouge acte III
  • Cette année la performance se poursuit avec le Collectif New Art' Aix dans la continuité de l'intervention de l'artiste Carole CHALLEAU vous présentent leur action "Déjeuner Rouge Acte II qui a eu lieu en 2010.
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